Coué

Né par hasard à Troyes en 1857, Emile Coué, pharmacien de formation et barbu par conviction, est resté célèbre pour sa méthode de guérison par autosuggestion. Bien avant l’invention des maladies psychosomatiques, du placebo et des films de Leni Riefenstahl, ce si sympathique gugusse croyait dur comme fer au triomphe de la volonté et affirmait que toute maladie du corps pouvait être vaincue sans assistance médicamenteuse, pour peu que celui qui en était victime fut capable de se convaincre lui-même qu’il en était débarrassé en se répétant intérieurement des phrases telles que : « Je ne suis pas malade ! », « Je pète le feu ! », « J’ai une patate du tonnerre, moi ! » ou encore « Je n’ai pas du tout la gangrène gazeuse et cette abominable odeur de pouriture vient sans aucun doute d’un cadavre de rat malencontreusement coincé dans l’ourlet de mon pantalon ! » Un soir de 1926, alors qu’il s’était égaré dans les quartier pauvres de Nancy, le gars Emile fut violemment agressé par une bande de misérables crève-la-faim qui le tuèrent de sang-froid avant de le dépecer et de le dévorer à pleines dents. Les gueux mâchèrent longuement l’épiderme de leur victime qui, bien qu’ils l’eussent auparavant grillé puis râclé avec soin, s’avéra incroyablement résistant et fibreux. Ils mastiquèrent encore et encore, jusqu’à en avoir les mâchoires affreusement ankylosées, tentant de se persuader que, si une vessie pouvait être prise pour une lanterne, il n’y avait pas de raison qu’un effort d’opiniâtreté ne finisse pas par donner à une tranche de fesse humaine la saveur d’une escalope de dinde. En vain.